Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain

Le titre de ce billet de blog est la traduction du vers latin « carpe diem, quam minimum credula postero ». Il s’associe parfaitement avec le thème de mon escapade à Münster. Alors je suis allé cueillir les bleuets de ma pensée.

Prendre conscience de ce que l’on vit, c’est d’abord ralentir, observer et écouter. C’est ouvrir ses sens sur le présent, cet instant fugitif. Les Allemands parlent d’Achtsamkeit : une attention simple, vigilante. Il s’agit de consciemment prendre une photo de ses sens et de l’explorer. La marche l’incarne très bien : on regarde vraiment où l’on met les pieds, on écoute sa respiration, on hume l’air, on laisse les détails du chemin remonter – on devient spectateur attentif d’une odeur d’herbe coupée, d’un parfum de fleur de sureau, de trilles d’un mignon roi de l’hiver perché sur une clôture, ou de la lumière qui change au passage d’un nuage. Cette conscience de la musique de notre monde présent s’entretient admirablement dans le souffle régulier de la promenade.

Le rythme du pas peut alors devenir un trait de crayon ou un jet d’encre, les sens externes peuvent s’éteindre et nos sens internes s’activent. Les impressions ressenties pendant la marche consciente, les souvenirs, les formes, les odeurs peuvent maintenant guider notre main. Quand on trace un contour ou rédige quelques lignes, on se focalise : le cerveau met les notifications externes en sourdine et ouvre la porte à l’imaginaire ; en quelques minutes on peut voir un champ de blé différemment, sous une lumière crépusculaire. Concentration et créativité peuvent bien s’accorder : l’une tient la lampe, l’autre explore.

Dans les trois cas – marcher, dessiner, écrire – l’idée est la même : cultiver un regard frais et disponible, changer son point de vue, commencer une nouvelle exploration, itérer. C’est un exercice modeste, mais au combien précieux. Essayez : sortez pour dix minutes, croquez un paysage, ou griffonnez trois vers en haïku. Vous verrez, votre point de vue n’a pas besoin de système de navigation pour se déplacer.

Voici un haïku (poème court japonais à l’origine) composé d’après les photos ci-dessus et avec l’impression que ce moment m’a fait ressentir.

Blés jaunes dorés —
Un bleuet perdu éclate,
Une note espiègle.

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